10 novembre 2013

Zoom sur... le pollen vegan

"- Une cure de pollen ! C'est pas du tout vegan...
- Où vas-tu chercher tout ça ? Les produits de la ruche sont le fruit
 d'un échange de bons procédés entre l'abeille et l'apiculteur !
- Ah oui ? Et elle en dit quoi, Maya ?
- J'en sais rien, mais le vendeur était sympa et vraiment convaincant.
- tsss... ".
 

Des bienfaits de la ruche

 
Les bienfaits des produits des abeilles ne sont plus à prouver et on trouve sur le Web moult articles qui les décrivent en long et en large. Beaucoup trouvent regrettable que les vegan(e)s tournent le dos à ces trésors de la nature, à commencer par les apiculteurs. On s'en serait douté, évidemment ! Seulement, voilà : d'une part, les produits de la ruche ont beau être incroyables d'efficacité, ils n'en sont pas pour autant une panacée ; on peut donc les remplacer par des substituts aux propriétés similaires. D'autre part, parler "d'échange de bon procédés" entre abeilles et apiculteurs me paraît tout-à-fait abusif ; ce serait comme dire que tirer le lait de la vache c'est lui rendre service, alors que la lactation a été induite par la main de l'homme ! Enfin, je vous parlerai du pollen : pour le moment commercialement introuvable, un pollen vegan existe bel et bien !


 

Propolis, gelée royale et cætera

 
Aujourd'hui, on trouve de nombreux compléments alimentaires formulés avec ou à partir d'éléments fabriqués par les abeilles. Leur coût est souvent supérieur à bon nombre d'autres articles du même genre, mais je vous arrête : les bénéfices ne sont pas reversés au Syndicat des Abeilles Ouvrières, ni redistribués sous forme de complément de salaire aux travailleuses rayées ; elles n'auraient que faire de tout cet argent, après tout ! Ce qui est en revanche intéressant c'est que la nature est vaste et généreuse ; ainsi, les propriétés prêtées aux produits de la ruche se retrouvent un peu ailleurs et à un peu moins cher.
Un des principaux bienfaits connus est l'action stimulante sur le système immunitaire ; sachez qu'il existe un équivalent à large action et ne provenant d'aucun animal : le chlorure de magnésium ou nigari, dont le paquet est vendu aux alentours de 3 euros... De même, vous trouverez le kouzou, le gingembre, l'argile... Les algues sont également à intégrer à vos repas ou bien à prendre en complément : la chlorelle et la spiruline sont les plus connues mais n'oubliez pas qu'il en existe une multitude et qu'elles sont toutes riches en minéraux et généralement en protéines équilibrées en acides aminés. Les jeunes graines germées sont un bon moyen de reprendre en vitalité, mais on pourrait leur préférer le jus d'herbe d'orge vendu en poudre ou en comprimés, peut-être plus pratique.
 

La santé se cultive chaque jour

 
Une bonne santé et une bonne vitalité découlent souvent d'une bonne hygiène de vie. C'est un principe à ne pas oublier pour ne pas tomber dans le piège des "ali-caments" et des remèdes à tout-va ! Les huiles essentielles représentent aussi un soutien précieux à l'immunité ainsi qu'à l'équilibre émotionnel. À utiliser cependant avec précaution et avec l'avis préalable d'un professionnel de santé et à proscrire pour les femmes enceintes et les enfants. Enfin, en cuisine, le miel peut souvent être remplacé par un sirop de céréale, d'agave ou bien d'érable. La mélasse, elle, riche en minéraux et en enzymes constitue ainsi un substitut de très grande qualité. On voit ainsi que les produits de la ruche sont loin d'être indispensables. L'hygiène de vie est l'essence-même d'un corps en santé, et la panacée, le remède-miracle, reste encore à trouver !
 
 

Main dans la main

 
Lorsqu'on attaque les producteurs de miel sur leurs pratiques qui s'apparentent clairement à l'exploitation des ouvrières, on nous demande souvent d'aller butiner ailleurs, dans les "champs de tofu". On nous explique que l'apiculture c'est un "échange de bons procédés" : l'apiculteur offre le gîte et le logis à la ruche tout au long de l'année et les abeilles, elles, vaquent à leurs occupations et offrent en échange le fruit de leur précieux travail. J'aimerai dire à nos amis les apiculteurs que je trouve qu'ils sont bien trop gentils et les abeilles bien mal éduqués et ingrates ! Jamais un "merci", jamais deux reines pour le prix d'une, et puis leurs populations se mettent à décroître "inexplicablement"... dur, dur !
Mais ce qu'ils n'expliquent pas, c'est qu'il existe deux sortes d'abeilles, comme il existe différentes races d'espèces d'animaux chaque fois que l'homme y a mis son grain de sel et vu son intérêt ! Nous avons donc la "sauvage" et la "civilisée", "domestiquée", celle-là même qui a signé un contrat de confiance avec l'être humain... OBJECTION ! Une abeille ça ne parle pas, ça ne sait pas lire, ça ne sait pas écrire et encore moins signer ! Il me paraît donc impossible qu'un tel échange de bons procédés puisse avoir lieu avec la certitude du consentement réciproque des parties au contrat.
 

Cas de conscience

 
Dans la réalité, cela ressemble d'ailleurs plus à une sorte de vol prémédité et en bande organisée qu'à du troc... Dans le magazine Nexus n° 87, un dossier sur "La médecine merveilleuse des abeilles" décrivait la manière dont la gelée est produite : "Par ailleurs, la production de gelée royale, même en quantité artisanale, implique d'induire en erreur les colonies productrices en les rendant orphelines de l'abeille mère". Et zou ! on sacrifie la mère et on dupe tout le monde... La récolte classique du pollen répond à la même logique : l'Homme se sert de grilles qui vont permettre de récupérer une partie du pollen récolté par les abeilles à leur insu. Sur le site miel-paris.com on peut lire :
 
"Le pollen est si important pour la vie des abeilles qu’on le nomme parfois le « pain des abeilles ». Il est la principale nourriture des larves et permet à la colonie de se reproduire. Le pollen est également essentiel à la croissance des jeunes abeilles."
 
 et un peu plus loin : "Je récolte le pollen grâce à des trappes installées à l'entrée des ruches. J'installe ces trappes uniquement sur les ruches les plus fortes.".
 
Doit-on justifier l'apiculture par le fait qu'elle est une pratique millénaire et que l'espèce des abeilles domestiques est aujourd'hui dépendante de l'homme ? Le même problème se pose lorsqu'on parle des vaches, des poules et autres animaux devenus bétail. L'instrumentalisation de la vie animale trouve-t-elle ici sa raison d'être ? Et si l'on en vient à ces considérations, que doit-on penser de l'agriculture qui instrumentalise et rationnalise elle-aussi la vie, végétale cette fois, en vue d'un rendement ? Ce sont des questions auxquelles je n'ai pas encore de réponses satisfaisantes, et que je laisserai donc en suspens pour le moment.
 

Le pollen vegan  

Concernant le pollen, je ne suis pas convaincu qu'il soit nécessaire de continuer à se servir des abeilles pour le produire. Récemment, j'ai découvert que du pollen récolté de manière mécanique, directement sur les fleurs existait. C'est en lisant le livre de Raphaël Titina Guide de Nutrition (dont je vous parle ICI) que j'ai découvert ce fait pour le moins surprenant :

"Des méthodes mécaniques permettent également de prélever directement le pollen sur les fleurs sans avoir recours aux abeilles. On peut donc distinguer deux types de pollen : le pollen d'abeilles et le pollen de fleurs".

Bingo ! il est donc possible d'obtenir du pollen vegan... apparemment celui-ci serait de moindre qualité ; c'est en tout cas ce qui est indiqué sur le blog Fourre-Tout : "Cette récolte mécanique n’offre pas un pollen de bien grande qualité comparativement a un pollen récolte par des abeilles".
 
Soit. Cependant, une autre manière de récolter le pollen existe et il est à regretter qu'elle ne soit pas mise en avant. Il ne reste plus qu'à espérer que des exploitants ou des commerciaux auront le courage de produire et de commercialiser  un pollen certifié vegan. Pour ce qui est de sa qualité, je fais confiance à la logique du profit qui pousse l'Homme à chercher à faire toujours mieux pour vendre toujours plus ; je reste assuré que la technologie saura un jour nous offrir un pollen de grande qualité, récolté sans l'aide de nos amies les abeilles, et que de nombreux(ses) vegan(e)s seront heureux de visiter des exploitations dont la visite serait menée par un producteur de pollen mécanique fier de son travail ! Rêver n'a jamais fait de mal à personne...

 
L'appellation "miel de fleurs" désigne toujours pour le moment un miel produit par les abeilles. Le futur nous offrira, je l'espère, un miel de fleurs certifié vegan ! La balle est dans notre camps : parlez-en autour de vous !
 
 
"Dans un pays de tous les temps, vit la plus belle des abeilles..."
 
 

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